Tous les cantons de Suisse romande offrent désormais des soins palliatifs dans certains hôpitaux et par le biais des soins à domicile. Le niveau et l’ampleur des prestations diffèrent toutefois considèrablement selon les régions.
Les soins palliatifs ont fait leur apparition en Suisse romande il y a plus de vingt ans. Genève a ouvert la voie en créant une Consultation de la douleur et des soins palliatifs à l’Hôpital cantonal en 1986. L’année suivante, le canton a inauguré une unité de 13 lits vouée aux soins palliatifs au Centre de soins continus. A son tour, Vaud a ouvert en 1988 la fondation Rive-Neuve (14 lits), à Villeneuve, aux mêmes buts. Les soins palliatifs ont, depuis, poursuivi leur essor à travers Suisse romande - le canton de Neuchâtel, par exemple, s’est doté en 1998 d’un centre de 13 lits à La Chaux-de-Fonds (La Chrysalide), tandis que Fribourg a créé des services spécifiques dans les hôpitaux de Chatel-St-Denis et Billens.
Grandes différences entre les cantons
Fédéralisme oblige, l’offre varie selon les régions, parce que la politique sanitaire – et, partant, les moyens financiers consacrés à ces soins – diffère dans chaque canton. «La prise de conscience est très différente d’une région à l’autre, explique Michel von Wyss, président de la fondation La Chrysalide. Dans certains cantons, les soins palliatifs font l’objet d’une volonté politique affirmée et le budget qui leur est consacré est important.»
Dans le canton de Vaud, par exemple, ils ont été considérablement développés ces dernières années, grâce à un programme d’envergure introduit en 2003: les quatre arrondissements sanitaires du canton ont chacun été équipés d’une unité de soins palliatifs, à quoi s’ajoutent des prestations de soins palliatifs pédiatriques. L’objectif de ce programme, était que la moitié du personnel soignant ait bénéficié, en 2008, de trois jours de formation en soins palliatifs. Même si ce chiffre ambitieux n’a finalement pas été atteint, le savoir-faire dans ce domaine a beaucoup progressé.
En Valais, pour prendre un autre exemple, le parcours des soins palliatifs est différent. Ceux-ci ont été promus avec l’impulsion d’un acteur privé, l’association François-Xavier Bagnoud, qui a développé des soins à domicile. En 2006, le canton a confié l’organisation des soins palliatifs hospitaliers au Réseau santé Valais. Il compte aujourd’hui des unités spécifiques dans les hôpitaux de Martigny et Brigue.
A l’hôpital, mais aussi au home et à domicile
Trop souvent, dans l’esprit du public, soins palliatifs = service hospitalier spécialisé. Or, pour être accessibles au plus grand nombre, ils se doivent d’être dispensés ailleurs aussi, dans les homes ou chez les particuliers: «Il faut qu’il y ait une offre complémentaire entre le domicile et l’hôpital », détaille Michel von Wyss. Raison pour laquelle les cantons forment, les uns après les autres, des équipes mobiles dans le but d’étendre les prestations à davantage de lieux. Genève a créé trois unités mobiles de soins palliatifs intra-hospitalières en 1999 déjà. Tout récemment, Neuchâtel, Jura et Berne ont signé une convention intercantonale de soins palliatifs qui prévoit la création d’une équipe mobile; celle-ci interviendra en deuxième ligne pour épauler, au besoin, les soignants de première ligne (en charge d’un patient).
En analysant l’évolution des soins palliatifs dans le pays, Michel von Wyss estime que la direction prise est la bonne: palliative.ch, la Société suisse de médecine et de soins palliatifs fondée en 1988 (1800 membres actuellement), cherche à promouvoir des critères qualitatifs communs, tout en permettant à chaque canton de mettre en place les prestations selon ses spécificités.