Ce qui, selon Abel, entoure immédiatement le patient, c’est le cercle intérieur, constitué généralement de deux à cinq personnes. « Celui qui va mal évite de trop nombreux contacts, qu’il s’agisse de parents, d’amis, de voisins, de membres de la commune ou de professionnels de la santé. » Pour Abel, c’est à tort que les professionnels de la santé concentrent leur activité sur le centre du cercle, là où se trouve le patient. Il faudrait plutôt aider le cercle intérieur, lequel ne profite pas seulement de l’aide professionnelle, mais aussi de la communauté où voisins et amis remplissent des tâches apparemment banales comme les courses, la cuisine et le ménage. Même si ce cercle intérieur répond toujours « Nous n’avons besoin de rien », il faut persévérer, dit Abel. Se porter au service de quelqu’un ressemble « plutôt à un marathon qu’à un sprint ». Or le soutien de la communauté d’assistance est précieux, car l’apport d’un repas chaud par exemple réchauffe aussi bien le patient physiquement que son entourage moralement. Le malade ayant souvent l’impression d’être un poids pour ses proches, il se réjouit de voir ceux-ci soutenus par d’autres. Après un décès, ces proches avouent souvent que la plus grande aide leur est venue de la famille, des amis et des voisins.
On trouve une culture de l’assistance entre autres dans les communautés conventuelles. Les personnes atteintes de démence y vivent de manière aussi autonome que possible, prennent part aux rites religieux et aux travaux quotidiens et sont constamment intégrées à la communauté. La perspective du soignant et celle du soigné sont inclues dans la culture de l’assistance.