ÉDITION SPÉCIALE
Un accompagnement coordonné des personnes âgées pour promouvoir l’autodétermination et la qualité de vie
L’édition spéciale élaborée conjointement par ARTISET avec CURAVIVA et huit autres organisations, qui propose 22 articles et des exemples pratiques, porte sur la qualité et la coordination de l’accompagnement des personnes âgées. CURAVIVA
11.12.2024
Accompagner le vieillissement en conscience
A l'occasion du congrès annuel de médecine de 2024, Christian Schikarski a présenté le nouveau groupe de travail de la Section Médicale du Goetheanum. Julia Demming s'est entretenue avec lui sur ses tâches et ses perspectives.
Julia Demming: Où travaillez-vous ? Et quel est votre rôle dans le nouveau domaine de soins « Culture des personnes âgées et médecine gériatrique » (Care 6) ?
Christian Schikarski : J'ai été médecin pendant 40 ans. Mon dernier poste était celui de médecin de la maison de retraite d'Hombrechtikon, où j'ai fait l'expérience de la gériatrie et des soins aux personnes atteintes de démence. Avant cela, j'ai travaillé à l'hôpital Paracelsus de Richterswil et j'ai passé 20 ans à Witten/Herdecke, à l'hôpital et à l'université et, parallèlement, à la rééducation gériatrique de Bad Steben. À la retraite depuis octobre 2023, j'ai le temps d'assumer la responsabilité d'un projet comme celui-ci. C'est pourquoi Karin Michael [ndlr : membre de la direction de la Section Médicale] m'a sollicité pour le faire maintenant.
En êtes-vous le président ?
Je suis entouré de professionnels, qui en connaissent peut-être même plus que moi, et j'anime le processus, je veille à ce que les éléments convergent. Je prépare également tout pour que nous puissions mettre quelque chose sur papier en vue de la publication.
Il y a six domaines de soins rattachés à la section médicale. Il s'agit de « Grossesse, naissance et petite enfance », «Gestion de la fièvre et des maladies infectieuses», «Anxiété et troubles dépressifs», «Oncologie» et «Soins palliatifs». Care 6 concerne désormais la « culture de la vieillesse».
En effet, nous souhaitons réfléchir à ce que signifie « vieillir ». S'agit-il d'une maladie ou d'un phénomène naturel ? Si c'est le cas, qu'est-ce que la maladie ? Quelles sont les choses difficiles à gérer et comment les intégrer plus judicieusement dans notre société afin que notre humanité commune ne se perde pas dans les équipements et les procédures techniques ?
Dans ces groupes, vous collaborer de manière interdisciplinaire et essayez de développer des concepts pour soutenir la formation et l'enseignement, pour participer à l'élaboration du discours sur les défis sociaux. Quand serez-vous en mesure de présenter vos premiers résultats au public ?
Il se peut que nous ayons déjà un résultat au début de l'année prochaine. Nous avons eu une première rencontre à distance au début de l'été et notre première rencontre physique lors du congrès. Grâce à cela, presque tout le monde sait déjà ce qu'il a à rédiger. Nous retournons maintenant tous à nos bureaux et avons rendez-vous à la fin de l'automne pour la prochaine vidéoconférence. Nous espérons pouvoir passer au crible certaines idées, approfondir la discussion et voir comment nous parvenons à un accord. L'interdisciplinarité est extrêmement enrichissante. Le vieillissement n'est pas un problème médical en premier lieu. C'est avant tout un problème de soins, un problème humain, un problème d'intégration. C'est pourquoi nous avons besoin de tant de compétences différentes pour parler à travers un large spectre afin que tous les futurs lecteurs puissent bénéficier de nos résultats.
Quels sont les groupes professionnels ou les domaines d'expertise représentés dans le groupe Care-6 ?
Nous mettons vraiment l'accent sur les soins. Nous avons quelques spécialistes de la gériatrie qui ont également de l'expérience dans les cliniques gériatriques. Nous disposons d'également d'un certain nombre de thérapeutes qui utilisent l'art-thérapie, la physiothérapie et la thérapie cranio-sacrale de différentes manières avec les personnes âgées ou les patients atteints de démence, et qui ont ainsi acquis une expérience qui peut être clairement formulée pour d'autres praticiens.
La culture de la vieillesse est un mot-clé en soi en ce qui concerne l'humain et la dignité. Pourquoi pensez-vous que la médecine anthroposophique, en particulier, doit donner de nouvelles impulsions dans ce domaine ? Dispose-t-elle de l'expertise nécessaire pour contribuer à l'élaboration de ce domaine ?
Cela est lié à l'image de l'être humain dans la médecine anthroposophique. Qu'est-ce qu'un être humain si sa mémoire ne fonctionne plus correctement ? Est-il possible de faire confiance à une personne dont la mémoire est défaillante, simplement en reconnaissant son humanité ? Et comment puis-je soutenir son humanité ? Cela nécessite un arrière-plan spirituel. Si je ne comprends l'être humain que comme une machine biochimique, je ne peux pas comprendre les besoins de cette personne. Nous ne vivons plus à cette époque où l'attention portée à la dignité humaine était soutenue par des croyances ecclésiastiques communes ou par une forme de piété. Aujourd'hui, pour que cette attention soit réellement de qualité, elle doit avoir un fondement scientifique et, le cas échéant, spirituel.
Christian Schikarski, lors du congrès de médecine de 2024
Le thème de la conférence était « l'intuition thérapeutique ». Quel est le rapport entre la thérapie et l'intuition ?
C'est très étroitement lié. J'ai besoin d'avoir une représentation mentale de ce qu'est un être humain, et je dois m'entraîner à la développer en permanence. Lorsque je vois un patient effectuer une certaine activité, suis-je capable d'avoir une idée précise de ce dont ce patient a besoin, même si je ne suis pas en mesure de me l'expliquer longuement ? Suis-je capable de poser la bonne question au bon moment en me basant sur le fait que je vois quelque chose que je ne trouverais pas si je me contentais d'une sorte de liste de contrôle ? Nous avons continuellement besoin d'intuition, en particulier dans notre expérience quotidienne, sur le lieu de travail.
Comment en avez-vous fait l'expérience dans votre travail quotidien ? Qu'avez-vous fait pour développer cette intuition ? Ou vous a-t-elle simplement été donnée à un moment donné par l'expérience ?
Cela vient effectivement avec l'expérience professionnelle. Je suis issu d'une génération où l'apprentissage par la pratique était chose courante. Mais aujourd'hui, nous systématisons ce processus, ce qui nous permet de mieux comprendre ce que nous faisons, même en ce qui concerne l'intuition. Nous commençons à peine à entrer dans la phase où nous pouvons adopter certaines pratiques et développer des compétences qui facilitent le développement de l'intuition de manière plus consciente.
Que signifient le vieillissement et la culture de la vieillesse pour vous personnellement ?
Bien sûr, cela me concerne personnellement ! J'ai 73 ans et je fais toujours partie de ces gens qui se promènent partout à la recherche de choses à faire. Mais je remarque que quelque chose est en train de changer dans ma conscience. Mon regard sur le monde devient différent et ce sera aussi le premier thème que je coucherai sur le papier : Comment pense et ressent quelqu'un qui devient vieux ? Je suis moi-même curieux de savoir ce que je vais écrire. Mais je me réfère à une citation de Rudolf Steiner dans le cours pour enseignants Waldorf, où il parle en fait des enfants. Il y oppose l'enfant à la personne âgée et dit que l'enfant est un être de sentiment volontaire. Il ressent quelque chose et commence immédiatement à faire des mouvements, à s'agiter, à se débattre. La personne âgée commence à ressentir quand elle pense. Lorsque le vieillard développe ses pensées sur le monde, celles-ci s'associent de plus en plus au ressenti. Il se passe quelque chose de salutaire. C'est ce que je suis en train de découvrir.
Vous êtes donc optimiste quant à votre propre avenir et à celui des personnes vieillissantes ?
Oui, même si tout semble difficile. Et je suis aussi enthousiaste.
Adaptation française: Camille Ablard et ÆTHER
Un interview dans le journal «Das Goetheanum», février 2024
Mourir d'un point de vue anthroposophique
Le Forum « Autour du Mourir » se consacre depuis 14 ans aux thèmes de la mort et du mourir dans une perspective anthroposophique. Entretien avec Franz Ackermann.
1. Quelle était votre intention en créant le site sterben.ch puis celui de mourir.ch ?
www.sterben.ch a été créé en 2007 ; il se voulait être une réponse face au suicide assisté proposé par l’organisation EXIT en montrant au public que d’autres perspectives existent que le matérialisme. C'était le but développé dans : " Questions / réponses d'un point de vue anthroposophique ". Puis une version française a suivi pour la Suisse romande, la France et le Québec. L’association de patients anthrosana, et la Branche thématique anthroposophique « Autour du mourir » ont été des partenaires essentiels lors de la création du site. En 2023, contenu et forme ont été renouvelés.
2. Que signifie mourir d’un point de vue anthroposophique ?
Mourir n'est pas une fin, la mort ouvre sur une autre vie, sur une évolution qui se réalise avec d'autres défunts ainsi qu’avec les hiérarchies spirituelles. La vie post-mortem implique de travailler sur son passé, de pouvoir se libérer de ce qui peut peser. Elle implique également une nouvelle orientation et de nouvelles forces afin d’accomplir les tâches d’une vie future saisie en tant que destin personnel et de façon plus large en tant que destin dans l'humanité.
3. Que souhaitez-vous que les visiteurs du site retirent de leur visite ?
Le site souhaite inviter à un approfondissement de vision et de perspectives. Il souhaite également offrir des conseils pratiques dans la traversée des crises de vie et l’approche de la mort. La vie avec les défunts en fait aussi partie. Éveiller courage, confiance et espoir : la traversée du Seuil et la vie après le Seuil peuvent constituer, à la lumière de ce panorama, un authentique chemin de conscience et de développement. Interview par Paula Boslau
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